Le rêve du train
J'étais dans un train ou une sorte de métro avec des barres métalliques verticales pour se tenir mais organisées en compartiments. Je m'agrippais à l'une des ces barres, très fatiguée et souffrant du froid.
Dehors, un paysage hivernal couleur sépia défilait. Je pouvais à peine tenir debout et je m'affaissais lentement contre la tige froide, malgré mes efforts pour ne pas chuter. A mes côtés, à quelques centimètres seulement, se tenaient deux hommes dont un blond vêtu d'une sorte de pèlerine noire (la scène devait se dérouler dans les années 30/40, j'étais également habillée d'un corsage cintré couleur crème et d'une jupe crayon noire à l'ancienne). Je n'ai pas distingué les traits de son visage, ni lui le mien, car j'étais courbée sur moi-même, ma chevelure lourde formant un rideau de protection autour de moi.
Alors que j'étais sur le point
de m'écrouler, mes dernières forces m'abandonnant, j'ai senti très
nettement ses deux bras me rattraper à la dernière minute, et me
soutenir à la fois fermement et délicatement.
J'avais les yeux
clos, flottant dans le monde cotonneux d'un demi-sommeil, mais j'avais
une conscience aigue de sa pression et de la chaleur qui m'entourait et me
maintenait. Je m'y abandonnais complètement.
Lorsque le contrôleur
est passé, j'ai entendu qu'il parlait pour moi et s'occupait de tout.
Je me sentais pleinement rassurée et soulagée.
J'ai beaucoup aimé
cette sensation de laisser-aller, sans savoir qui était celui qui me
tenait, à quoi il ressemblait. Sa présence sans visage, sa force, les
bribes de sa voix, son odeur, des fragments de sa silhouette me
suffisaient. La seule chose qui comptait était qu'il me soutenait et
que je n'allais pas m'effondrer. J'éprouvais une totale confiance en
lui.