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2 août 2009

De la bouche et du reste... Et l’homme créa la virginité…

« Ma virginité me pesait comme une meule passée au cou. (…) Je la défendais depuis 5 ans et j’en avais par-dessus la tête. » (La cloche de détresse, Sylvia Plath)

Au fur et à mesure que les années avancent et que les robes de l’enfance s’effacent devant les mini-jupes et les premiers soutiens-gorges, s’engage une course. Une course où le but n’est pas de gagner mais de perdre.
Une course où il ne faut ni se hâter ni lambiner. Il faut attendre mais pas trop. Attendre le bon moment et le bon garçon. Celui qui nous respectera, celui qui nous aimera. On nous dit que c’est précieux. On nous dit qu'il faut. Que c'est la nature. Que ce n'est pas sale. Mais un peu quand même.

On nous prépare à ce « grand moment » pendant plusieurs années, la bouche sévère, l’air clinique, comme on enseigne les mathématiques ou la grammaire : l’éducation sexuelle consiste surtout à connaître les organes reproducteurs et comment les empêcher de commettre l’irréparable fécondation. « Apprendre le sexe » c’est surtout apprendre à ne pas tomber enceinte ni attraper de MST.

Cela semblait important même si je ne parvenais pas vraiment à m’y intéresser, malgré mes efforts. « Perdre ma virginité », pourquoi faire ? Et j’avoue qu’aujourd’hui encore, je n’y vois guère d'intérêt, dans la mesure où je ne suis pas assaillie d’instinct maternel débordant. Et que la pénétration n’intervient pas, anatomiquement, dans mon plaisir sexuel comme pour 99% des femmes.

La virginité est un curieux concept quand on y réfléchit bien. C’est une invention toute masculine.
Celle de donner un nom à l’absence de pénétration d’un pénis dans un vagin. Le sexe, la sexualité sont définis exclusivement par rapport à l’acte de pénétration, qui reste socialement et politiquement déterminant.
La « trace » du passage d’un homme sur une femme, comme le pneu d’une voiture marque une route.
Marquer son territoire, le coloniser, le posséder, l’obsession ancestrale des hommes.

Plus l’échéance fatidique des « 17,2 ans » approchait, plus mes camarades, dûment conditionnées, se hâtaient de se « débarrasser » de cette pesante et honteuse virginité, en se soumettant à la perforation réglementaire selon les codes sexuels dominants de notre société patriarcale.
Je me souviens qu’il était alors d’usage de comparer les degrés de virginité avec le distingo des orifices : la bouche (avec la langue ou sans) et « le reste ». Pour ma part j’étais et je suis toujours vierge de la bouche (avec la langue) et du reste. La totale. Le cas le plus grave.

Il est étrange que la virginité ne s’applique qu’au domaine sexuel. La virginité amoureuse n’existe pas par exemple : celle ou celui qui n’a jamais connu l’amour (mais a baisé) n’est pas vierge. Il n'existe d'ailleurs pas de mot pour désigner l'absence d'amour. On n’est pas vierge d’aimer. On n’est vierge que de pénétration. N’avoir jamais connu l’amour ne gêne personne contrairement à n’avoir jamais baisé. On ne fait pas de statistiques sur le premier amour mais uniquement sur le premier rapport sexuel. On ne fait pas de statistiques sur les inflammations du cœur, le vertige et l’ivresse. L'amour, l'émotion sans pénétration ne compte pas, n'existe pas. Seule compte la déchirure de l’hymen, "la consommation".

Pourtant, la seule chose qui me gêne, la seule chose qui me manque, cruellement, c’est de n’avoir jamais connu l’amour, le sentiment. Réciproquement. Aimer et être aimée en retour. Ce n'est pas une relation sexuelle que j'espère mais une relation. La sexualité m’est toujours apparue comme secondaire, accessoire même (même si j’ai bien compris, il était temps, que c’était la condition sinequanone de l’amour d’un homme). Je n’ai jamais ressenti de « gêne » de ma virginité, je veux dire de gêne physique. Je n’ai jamais rêvé de pénétration. J’ai rêvé de mots d’amour, de regards fiévreux, d’enlacements, de caresses langoureuses, de doux baisers mais de pénétration phallique stricto-sensu point, si ce n’est pour activer quelques fantasmes. Lorsque j’essaie de jouir seule, je me pénètre d'ailleurs rarement ou uniquement pour ralentir l’excitation.

C’est triste mais la nature a rendu incompatible l’homme et la femme jusque dans le plaisir sexuel. Ce qui fait jouir l’un ennuie l’autre et vice versa. Avec nos terminaisons nerveuses antagonistes, il faut malgré tout s’accommoder. Enfin ce sont surtout aux femmes de s’accommoder. Et c’est ainsi qu’est apparu le cortège de migraines, simulations et l’apparition du plus vieux métier du monde (si la pénétration était si jouissive, pourquoi les femmes se feraient-elles donc payer…) ?

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Commentaires
P
excuse moi, je viens de me relire, je ne voulais pas être si dur ... la fatigue ...<br /> tu devrais rajouter une rubrique "contact", ça permet d'écrire des choses en privé à l'auteur, sans avoir pour autant son email ... <br /> il y a des choses qui ne se disent pas pareil ...
S
mince mon message n'a pas été enregistré hier soir...<br /> je disais donc merci de vos messages variés.<br /> Pour répondre à Alain qui écrit "apprends à aimer avant de chercher à avoir des rapports sexuels", je me demande bien où as tu lu/vu que je cherchais cela...<br /> et peut-on "apprendre" à aimer ? il me semble que c'est instinctif mais si c'était possible d'apprendre crois moi que je m'y mettrai sans tarder !
P
Je ne fais que me joindre à la majorité, mais je ne crois pas non plus que les hommes et les femmes soient incompatibles au niveau du plaisir... plaisir qui n'est d'ailleurs pas forcément sexuel. Il y a des personnes avec qui on se sent bien, tout simplement...
A
En fait, je ne comprends pas trop. Peut être parce que je suis un homme. Je trouve que les femmes de mon entourage sont moins tristes et plus libérées que toi dans ce domaine. Il me semble qu'elles éprouvent du plaisir aussi. Il me semble que mes partenaires recherchent aussi la pénétration... Pourquoi est-ce que les hommes auraient eux aussi plus de plaisir lors de la pénétration, ça n'est pas sûr non plus. J'ai plus de plaisir quand j'ai des sentiments et que je veux donner du plaisir. L'amour c'est donner. Comme l'ont dit certains, apprends à aimer avant de chercher à avoir des rapports sexuels. Peut être que tu pourrais commencer à aimer une autre femme, miroir de ce que tu es.
E
juste une chose :<br /> <br /> Bise et bonne chance . <br /> Ta règle 2 n'est pas respecté : tu poste trop souvent d'articles . 3 en 4 jours . (donc tu espères être poinçonner, mais ne pas vivre ce moment)<br /> <br /> Ells (surement mon commentaire le plus intelligent).
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