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Standby
3 avril 2010

La scène du baiser

Comment abolir les distances entre deux corps ?
Comment transformer un corps parlant et réfléchissant (trop) en matière silencieuse, sensorielle et voluptueuse ?
Quel sortilège, quelle formule pour accomplir ce tour de magie ?
Je suis face à lui, immergée dans la chaleur de son désir, sa dévotion, ses mains qui volètent autour de moi, de ma taille, de mes bras, son visage qui tangue langoureusement vers le mien.

Son attente si fiévreuse d'un baiser, d'une marque physique, son dû. Le hochet, le biberon que réclame impérieusement, rageusement le bébé. Il compte les élégants réverbères bec de gaz qui longent la somptueuse avenue du retour et déclare qu'à la fin de cette rangée lumineuse, son vœu devra être exaucé. Comme il soufflerait les bougies d'un gâteau d'anniversaire. L'irrésistible envie de lui faire plaisir se heurte à ma perpétuelle indécision. Cette plante vénéneuse qui toujours contamine et paralyse le corps.

Parfois je sens l'abandon qui m'engourdit délicieusement, la tentation de fermer les yeux et goûter à ce qu'il m'offre, mais très vite la sentinelle à peine ensommeillée sursaute et sonne l'alerte, rassemblant ses bataillons de discours, de réflexions, de raisonnements prohibitifs.
Je cherche à effectuer ces petits gestes, aussi simples et innocents qu'ils sont fondamentaux.
Ces petits gestes qui paraissent ridicules tant ils sont anodins et triviaux. Et en même temps d'une telle puissance et intensité.
La porte d'accès à cette autre dimension, la passerelle que je cherche à franchir, le signal de départ aux réactions en chaîne. Une paume se pose soudain sur le dos d'une main, une épaule, un bras nu. Deux épidermes, des millions de terminaisons nerveuses entrent en contact et font tout basculer, chavirer.
Toucher l'Autre, être touchée. Surnaturel.

Réussir à établir cette liaison primaire. Je m'approche de lui, j'avance mon front, mes lèvres, je réponds à ses frôlements, ses mains sont dans les miennes au prétexte de se réchauffer... Mais il y a quelque chose d'un peu contraint, de faux et je ne peux aller plus loin... Quelque chose m'arrête. Quelque chose manque. Les membres lourds, réticents.
Je ne peux pas accomplir ces gestes s'ils sont vides. S'ils ne sont pas l'expression d'un sentiment réciproque, d'une confiance. Je ne lis pas encore ce dont j'ai besoin dans ses yeux rieurs..., fuyants. La bienveillance, la tendresse, le don - et non pas la "prise"-.
Il ne mesure pas l'importance, la symbolique de ces gestes -tellement banalisés, insignifiants de nos jours- pour moi. Pour lui, pour tous, ce n'est "rien" ou "pas grand chose".
Simplement caresser des cheveux, les contours d'un visage, me blottir dans des bras, tenir une main ne peut être qu'un élan du cœur, le prolongement cutané d'une conviction intérieure. Et non pas la formalité obligatoire d'un rendez-vous pour répondre au désir pressé, narcissique de conquête...Malgré ces nombreuses années d'attente, ce désespoir qui me ravage, je ne peux toujours pas me résigner à séparer corps et âme, le premier ne pouvant que suivre le sens de la seconde.

Il m'a alors tourné le dos, maussade, et a disparu dans le halo de la flamme orangée du dernier réverbère. Celui qui n'a pas tenu sa promesse...

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Commentaires
S
oui j'en ai conscience, mais pr l'instant j'aimerais savoir quel est vraiment son caractère qui est multiple... mais je ne me fais pas d'illusion non plus.
Z
Alors saches que l'on ne change pas un Homme. Les gens sont à prendre ou à laisser. L'idée c'est de se faire du bien, si "cette relation" t'es néfaste, mets les voiles. Ca a du bon d'être égoiste.
L
Je sais bien. Il ne s'agit pas de changer ta nature, mais de l'approfondir en la bousculant un peu, en la laissant s'exprimer pleinement. Je parlais moins de te jouer des hommes que de jouer avec eux, en fait. A mon avis, vu l'axe autour duquel tourne ce blog, ce côté de toi ne demande qu'à exister. "Il faut bien que le corps exulte" disait un certain Jacques...
S
oui mon cher Laurent, mais si je savais faire cela -jouer avec les hommes qui me courtisent, etc- je n'en serai pas là ! Ce n'est pas moi et je souffrirai de ne pas être en accord avec ma nature profonde.<br /> <br /> Et puis avant de découvrir l'amour physique, j'ai envie de découvrir l'amour tout court..., le reste devrait suivre...
L
En fait, je crois que tu as la même soif d'absolu que j'avais adolescent, et que tu voudrais "découvrir" l'amour physique avec l'homme de ta vie, idéal, et pas lors d'une rencontre factice, ou que tu considères comme telle ( rien n'indique qu'une histoire menée de manière un peu cavalière ou légère ne peut devenir la grande histoire de ta vie ), que tu subis plus que tu ne maîtrises. Je crois aussi que tu veux tout maîtriser, et que tu n'acceptes pas de lâcher prise, faculté primordiale en amour, notamment lors du rapport sexuel. Tu intellectualises tous tes faits et gestes.<br /> Donc, tu veux tout avec un homme idéal, et très peu ( un baiser, à tout prendre qu'est-ce ? ) voire rien avec de charmants jeunes hommes de passage. Mais l'homme parfait qui correspondra à ton attente n'existe pas. Apparemment tu fais des rencontres, donc laisse un peu les choses se faire, et au lieu d'attendre la personne idéale, essaie de travailler un peu à jouer toi aussi avec les hommes qui te courtisent, et fait monter les enchères de la séduction, apprend à être celle qui pourra satisfaire ton amant parfait. C'est paradoxal, mais si tu le trouves un jour, il faudra bien que tu soies apte à l'amour, sinon il risque de s'en aller. Il semble que tu aies les atouts de la jeune femme séduisante ( à moins que tu n'embellisses ce que tu laisses transparaître de ton apparence dans tes messages ), donc je t'invite à exploiter tes charmes et tes atouts physiques ( oui, ceux capturés par un appareil photo furtif, et qui sont ta personne aussi bien que ton cerveau, et beaucoup plus faciles à appréhender, à comprendre, à visualiser, tu sais, un livre sans image, c'est rébarbatif pour les petits enfants coquins que nous sommes, nous les hommes ). Bref, en deux mots, lance-toi. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le au moins pour nous. On veut lire ce que tu pourrais dire du bonheur d'aimer, un peu.<br /> :)
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