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5 octobre 2009

Dérogation au Modèle amoureux

Il y a ce modèle amoureux, cet idéal socio-culturel, injecté depuis l’enfance, par intraveineuse de contes de fée, de belles romances cathodiques, d’éducation citoyenne et démocratique, de traités psychologiques sourcilleux, de grandes théories sur le couple, le « foyer heureux ».
Les articles de la constitution délivrant la définition officielle du bonheur amoureux, d’une relation « saine et équilibrée ». L’égalité des chances, la parité hommes/femmes.

Un beau tableau brandi de part et d’autre, ces bons et mauvais points, ces choses à faire et à ne pas faire, ces choses à fuir ou à rechercher, le bon et le mauvais, les défauts et les qualités, le respect et la dignité.
Et puis en face, il y a la réalité, ce foutu et implacable principe de réalité auquel on n’échappe pas et qui fait tout voler en éclats…

Il y a ce que je ressens, ma nature, mes inclinaisons profondes que je ne peux pas réformer, éduquer, adapter à ce qu’on attend de moi, à ce que la raison, le Modèle, mes-proches-qui-veulent-mon bien me recommandent, me dictent. Je ne peux pas faire autrement que déroger.

Il y a ces hommes que j’aime incorrigiblement même s’ils ne ressemblent pas du tout au prince charmant. Ces princes cruels qui sont seuls capables d’éveiller un semblant de désir, d’émoi, de me rendre un peu femme. Comme celles qui succombent fatalement aux « bad boys », je ne résiste pas aux « sad boys ». Une variante toute aussi dangereuse.
Instable, immature, cyclothymique, fainéant, difficile, narcissique, jaloux, associable ou volage, moqueur, cynique, pervers, manipulateur, de mauvaise foi, insolent, excessif, irresponsable, imprévisible, insaisissable, enfant capricieux, mélancolique, triste, fou... Fou surtout.
Mais aussi drôle, théâtral, exalté, décalé, surprenant, émouvant, romantique (même s’ils font tout pour bien le cacher), romanesque, sensible… Sensible surtout.

Je fais partie de ces êtres attirés irrésistiblement par les mauvais choix, les mauvais partis, "les types qu'il ne faut pas", les mauvais signes et présages… Et s’ils font mon malheur, je ne saurai pas faire sans. Car aussi mauvais sont ces choix, ils me correspondent, ils me sont une évidence, une certitude.
Et je préfère m’y abîmer, en souffrir, en périr mais au moins me sentir vivre en accord avec ce qui coule dans mes veines.
Et puis après tout je suis aussi un mauvais parti, un mauvais choix. Reste à vérifier si la compatibilité existe entre les deux… Sans doute un beau désastre. Mais tant qu’il reste beau…

Vu de l’extérieur, j’ai bien conscience que ce que je vis avec le chat de Chester, ou du moins essaie de vivre, peut paraître comme « une grave erreur », que je devrais « laisser tomber ». Au regard des critères de normalité amoureuse, des prescriptions en matière d’épanouissement et de « bonnes bases solides », de l’avis des experts et de la rubrique psycho de Marie-Claire, je n’ai en effet rien à en attendre.

Mais c’est peut-être là où réside la solution, arrêter d’attendre quelque chose de précis, de préconçu et prendre ce que les hommes que j'aime veulent bien me donner : profiter de tous ces instants même fugaces de bonheur et de complicité, tous ces plaisirs minuscules qui me ravissent tant et cesser de les ternir en pensant à l’avenir ou en écoutant les Cassandres. Cesser de les gâcher par les reproches, le ressentiment, l’amertume qu’il n’ait pas dit ou fait ce que j’attendais.
Les attentes qui enflent comme des tumeurs sur mon cœur sont ce qui me tue.

Cela fait longtemps que j’ai quitté les rails d’une quelconque normalité sentimentale. Mon chemin est ailleurs. Un chemin plus escarpé, plus douloureux mais que je dois apprivoiser, accepter car c’est le mien et je ne peux l'éviter. Reste à définir mon seuil d’acceptation, jusqu’à quel point renoncer à tous ces jolis colifichets et ornements collectionnés depuis toutes ces années, faire taire ces cordes sensibles qui vibrent en moi… Cette balance symbolique et personnelle où l’on pèse d’un côté l’humiliation, la frustration et la déception et de l’autre la joie solaire, le bien-être, l’ardeur à l’Autre.

Ce qui se joue dans un couple, dans la séduction ne peut pas vraiment être jugé « de l’extérieur » car c’est au contraire quelque chose de profondément intérieur, d’invisible, de muet, y compris pour les intéressés. Ce qui en jaillit n’est qu’une pointe émergée de l’iceberg des non-dits et de l’inconscient. Il y a trop de replis, de poches, de trappes secrètes, de portes dérobées qui se cachent sous les apparences clinquantes ou pitoyables… En amour, il me semble qu'il n'y a que des cas particuliers.
Tous les conseils du monde, aussi avisés soient-ils ne sauraient aider (même si l’on est toujours tenté d’en quémander comme des radeaux auxquels se raccrocher dans la dérive). Seuls ceux qui sont impliqués peuvent découvrir non pas « les » mais « leurs » bonnes réponses. Leur modèle amoureux.

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Commentaires
S
bonjour,<br /> merci de ton long message et de cette analyse qui... me touche aux larmes (encore mon hyper-émotivité qui fait des siennes !).<br /> je trouve que tu as tt à fait raison sur l'évolution de mes textes. Il est vrai que je me suis pas mal aigrie et radicalisée sur les hommes au fur et à mesure et à force de me sentir violentée. Etre considérée avant tout comme un objet sexuel me tue... au sens propre et figuré.<br /> <br /> Entièrement d'accord aussi sur la complaisance sur mes maux et souffrance.<br /> Depuis que j'ai débuté ce blog, j'ai bien conscience que mon expérience et ma vision des rapports hommes-femmes est bien singulière et ne rencontre pas d'écho. Mais je commence à comprendre pourquoi et j'en reparlerai bientôt...<br /> <br /> Désolée j'ai un peu la flemme d'écrire un nouveau texte aujourd'hui, mais il est en préparation...<br /> bon dimanche à vous en tout cas,<br /> vous êtes de belles personnes, très belles... j'admire votre patience envers moi, je ne l'aurai pas !
K
Bonjour. Je me suis surpris à lire votre blog dans son intégralité et de manière chronologique. Je dois confesser un petit faible pour les textes introspectifs et j’ai été séduit par une certaine forme de rigueur dans l’analyse et le langage. Le début, particulièrement, m’a beaucoup intéressé, tout d’abord parce qu’il laissait présager - j’y reviendrai - d’une suite plus percutante, plus salvatrice et ensuite parce qu’il contenait des phrases lumineuses qui confinaient à l’universel, au sens où j’aurais pu appliquer certaines à moi-même toute différente que fût mon histoire.<br /> Ensuite, j’ai eu quelque peu l’impression d’être entraîné dans un tourbillon, une sorte de spirale vicieuse où je ne retrouvais plus, hélas, le beau recul par rapport à vous-même dont vous faisiez montre au départ. L’hyper sexualité de votre entourage que vous décrivez, avec brio au demeurant, me fait l’effet d’une fiction. Pour autant, je ne doute pas un instant de la sincérité de votre ressenti mais alors que vous êtes parfois à deux doigts de dénoncer le miroir déformant de votre regard singulier sur autrui (les hommes en particulier), vous replongez aussitôt dans ce mirage de réalité. <br /> Le vécu ne peut avoir en aucun cas valeur de statistique. A ceux de vos commentateurs qui regimbent devant votre vision monolithique de la gente masculine vous opposez le fait que la plupart des hommes rencontrés avaient peu ou prou le même comportement. Or, vous avez choisi ces hommes autant qu’ils vous ont choisie et vous donnez fortement l’impression de sélectionner (et ce verbe implacable est ici à dessein) ceux là même qui conforteront cette vision négative. A cela vous répondez que vous allez vers des hommes qui correspondent à une forme de canon de séduction physique. Si bien qu’à vous lire, j’ai l’impression que c’est vous qui êtes hyper sexuelle, une hyper sexualité en creux, ou en négatif, comme vous voudrez, mais qui régit néanmoins toutes vos tentatives d’approche. Prenez garde à la complaisance (je ne dis pas ça par manque d’indulgence, plutôt par expérience personnelle) qu’on peut parfois entretenir envers ses propres maux, de peur qu’elle ne devienne nourriture. Car votre souffrance semble bien réelle.<br /> J’ai beaucoup aimé la réflexion de Kitty (mais ça ne m’étonne pas de la bougresse !) qui vous disait de voir l’être humain avant l’homme ou la femme. C’est tout à fait ma vision. Imaginez-vous un instant, l’effet que peut faire certains de vos textes (lus avec grand plaisir, une fois encore) sur un homme. Fais-je bien partie de cette espèce qu’elle décrit ? Mon manque de l’autre quand il n’est pas à la maison, mon besoin de partage, mon défaut d’auto suffisance, s’accordent-ils à cette description de mecs qui sont si bien avec eux même et ne sortent de la tanière que pour baiser ? Puis-je me reconnaître alors que mes grandes histoires d’amitiés sont féminines ?<br /> Alors, évidemment, je ne baise pas avec les femmes. Ca change tout me direz-vous. Mais que je ne choisisse pas les mêmes trous pour ma bite (pour reprendre votre langage, parfois) fait-il de moi vraiment une autre espèce d’homme, détermine-t-il à ce point tant d’aspects de ma personnalité ? Le sexe possible est un élément déterminant des relations humaines. Généralement, l’éventualité du sexe existe entre hommes et femmes. C’est de cette chose en fait que vous parlez souvent, ça n’est pas d’une spécificité masculine. Elle peut exister entre hommes ou femmes, en cas d’homosexualité.<br /> Etre un objet sexuel ? Où est le problème si l’on sait pouvoir être autre chose. Qu’un homme ne voie en moi qu’un cul ou une bite, c’est selon, ne me gène pas (en cela je me différencie de Kitty). Je lui rends bien. Combien de gens au physique ingrat, aimerait n’être qu’une fois dans leur vie… beau et con à la fois, pour reprendre Brel ?<br /> Merci en tout cas de m’avoir fourni l’occasion de ces réflexions.
D
Ta balance intérieure !!! ne la laisse pas osciller là où elle veut !!! Lorsque j'étais enfant ma grand mère avait une énorme comtoise, j'adorai ouvrir la porte de l'horloge et bloquer le balancier ! Fais de même, sois consciente de ce que toi tu veux et ne laisse pas un processus interne fouttre tout encore une fois parterre !!!
K
"En amour, il me semble qu'il n'y a que des cas particuliers."<br /> Tout est dit dans cette phrase.
S
encore du changement depuis..., apparemment il se pourrait que je puisse finalement le revoir, mais en ai-je vraiment envie ? telle est la question qui se pose, ma balance intérieure oscille dangereusement du mauvais côté... à suivre...<br /> bonne soirée à vous !
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