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Standby
1 octobre 2009

Braderie


« Tout comme le libéralisme économique sans frein, et pour des raisons analogues, le libéralisme sexuel produit des phénomènes de paupérisation absolue. Certains font l’amour tous les jours ; d’autres cinq ou six fois dans leur vie, ou jamais. Certains font l’amour avec des dizaines de femmes ; d’autres avec aucune. C’est ce qu’on appelle le « loi du marché ». (…) Les entreprises se disputent certains jeunes diplômés ; les femmes se disputent certains jeunes hommes ; les hommes se disputent certaines jeunes femmes ; le trouble et l’agitation sont considérables. » (Extension du domaine de la lutte, M.Houellebecq)

« Elle désire me parler de mes livres, de ma vision de l’amour, établir entre nous une amitié, etc., mais moi cela ne m’intéresse pas. Cela me captiverait s’il y avait aussi la sensualité, la complicité des peaux. (…) La métaphysique du cœur n’est pas ma tasse de thé. » (Les soleils révolus, G.Matzneff)


« Moi la dragouille qui traînasse, un pas en avant deux pas en arrière, tout ça, on s’appelle, on se prend un café, ça me laisse froid. Je ne comprends pas les gens qui ont besoin de se jauger, de se tourner autour, de se renifler le cul pendant des semaines. Avec moi, faut se donner à fond, sans chichi, sans pudeur, avec l’envie, putain l’envie ! (…) Je m’en fous, moi, qu’elle pense à moi, la fille, ce que je veux, moi, c’est que quand elle vient me voir, elle ait envie, bordel, envie de me voir, envie de moi… » (La patience des buffles sous la pluie, D.Thomas)


Les orifices des femmes sont, depuis toujours, un bien marchand comme un autre. Les hommes l’ont longtemps exploité pour leur compte avant que les propriétaires puissent, par la suite, les louer, pour leur propre bénéfice.
On appelle prostituée, pute, péripatéticienne, tapineuse, fille de joie ou encore « travailleuse du sexe »…, ces femmes qui vendent du (leur) sexe aux hommes.
Du sexe contre de l’argent.
C’est finalement aussi ce que bon nombre de femmes au foyer, surtout des générations précédentes, ont pratiqué dans le cadre légal que représente le mariage. Remplir le devoir conjugal pour avoir, au minima, un toit au-dessus de leur tête et se nourrir. Les termes du contrat.

Aujourd’hui, les femmes n’ont plus, dans leur grande majorité, besoin des hommes pour se loger ou manger. Pourtant les termes de l’économie n’ont pas beaucoup changé. Le sexe reste la monnaie d’échange. L’enjeu.
Non plus pour remplir le frigo ou payer le loyer, mais pour les aimer, les protéger, les soutenir. Leur dire qu’elles sont belles, leur parler, les appeler, les comprendre, les accompagner, les sortir.
Du sexe pour avoir quelqu’un à ses côtés.
Les besoins primitifs sont dépassés mais demeurent les besoins « d’estime » et « d’accomplissement » du haut de la pyramide de Maslow. Le 10e besoin fondamental sur les 14 définis par Virginia Henderson, « vivre pleinement ses relations affectives ».
Et pour cela, les femmes ne peuvent toujours compter que sur leurs bons vieux orifices qui demeurent le seul appât, le seul véritable attrait valable. Et tous les beaux discours, l’évolution des mœurs et l’émancipation n’y ont pas changé grand-chose… Nos pensées, opinions, goûts, notre être, notre âme, notre cœur ne pèsent pas bien lourd face à ces toujours aussi convoités réceptacles phalliques. Une fellation vaudra toujours mieux que toutes les conversations aussi passionnantes soient-elles. Le reste n’est que détail sans grande importance, de simples accessoires, gênants pour certains agréables pour d’autres mais jamais indispensables ou déterminants. L’essentiel est ailleurs.

Espérer intéresser ou retenir un homme en l’éblouissant par sa personnalité est une naïveté de jeune-fille rangée.
Les hommes, plus indépendants par nature et n’hésitant pas à acheter ces orifices au besoin, mènent invariablement le jeu. Ce sont les femmes qui continuent d’avoir besoin des hommes, pas l’inverse. Ce sont les femmes qui se lamentent des jours et des nuits durant, devant leur indifférence, leur absence, leur manque d’attention. Ce sont les femmes qui continuent d’attendre les hommes. Pendant ce temps, ils sortent, s’amusent, profitent de la vie, voyagent, vivent l’aventure. Insouciants et libres. Les peines, la douleur du manque de l'autre n’ont pas de réelle prise sur eux, elles les éclaboussent à peine avant de glisser le long de la paroi minérale de leur cœur.

Le choix n’existe pas : c’est céder ou rester seule. Céder ou se morfondre de solitude et de désespoir. Céder dans n’importe quelles conditions, même si l’envie n’y est pas ou pas encore. 
Céder ou perdre celui que l’on veut retenir, garder, aimer.
Chantage affectif versus chantage sexuel tacite.
Nous serons si vite remplacées par une autre qui fera moins de manières.

Etre une « fille facile », tel est le critère indispensable aujourd’hui si l’on veut rester monnayable sur le marché.
Demander de l’attention, du temps de cerveau disponible aux hommes, platoniquement, relève de l’hérésie commerciale.
Il est bien loin le temps où accepter une sortie voire une danse ou le summum : un chaste baiser, une main qui effleure l’autre étaient considérés comme des faveurs.

Les filles, femmes qui se font désirer n’attirent plus personne ; personne ne se fatiguera à les séduire, les conquérir. Faire attendre ne fait plus partie des mœurs. C’est tu baises ou tu te casses. Marche ou crève. Non négociable.
Il faut écarter vite et bien et offrir en supplément les prestations qui sont désormais attendues de plein droit puisque toutes le font sans rechigner, et de plus en plus jeunes.
Accorder toutes les demandes, les « gâteries », ne pas être effarouchée ou pudique sur quoique ce soit. Etre performante au lit. Donner satisfaction pour fidéliser.
La plupart des femmes modernes, "libérées" s'accomodent très bien de cette donne et y sont même réceptives, éprouvant les mêmes désirs sexuels. Mais alors celles qui tardent, chipotent, refusent, deviennent des produits délaissés, obsolètes, périmés. Stock encombrant et inutile qu’il faut évacuer. A mettre au rebut.
Quelles que soient ses qualités, il n’y en a pas de supérieure à celle d’être un objet sexuel consentant, docile et enthousiaste (« aimer ça »).
En système libéral, de concurrence pure et parfaite, c’est la guerre des prix, la plus meurtrière, qui prédomine. Il faut baisser les prix, encore et encore. Se brader. Mondialisation oblige (aujourd'hui on va même chercher des "produits" plus compétitifs  en Russie ou en Thaïlande).
Réduire les exigences encore et toujours, oublier la romance et les attentions voire même le simple respect.
Je ne sais pas si je suis prête à me brader ainsi aussi grand soit mon désespoir…

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Commentaires
A
Je reviens lire les coms car j'ai pensé à ta note ce week-end.<br /> Je crois que la société met quelque part l'accent sur le désir et la performance, tout comme elle nous bassine sur la minceur et mon ex me l'a souvent dit et je comprends ce que tu ressens.<br /> J'ai essayé les "coups d'un soir" pour voir et ce n'est pas pour moi, tout comme Kitty j'ai besoin de sentiment.<br /> Ce week-end, j'étais avec mon amoureux et là c'est super comme une sorte de "communion", j'en suis à ce niveau là parce que mes sentiments pour lui sont très fort.<br /> Je vais lire ta note du jour.
S
Je passe en vitesse, lecture en diagonale ...<br /> Des commentaires forts judicieux, surtout ceux des ces femmes hétéros. Ces commentaires que tu espérais, en qui tu crois plus car il s'agit de femmes.<br /> Sauf que ces commentaires sont bien plus terribles car ils te disent crument, sans pincettes ce que tout le monde pense et essaye de te dire.<br /> Ce n'est pas ton texte que tu dois revoir, mais c'est un (ou une) psy que tu dois voir.<br /> Rien de méchant dans mes mots. Simplement le constat, tant partagé, que tu as une mauvaise relation avec l'autre qui t'empêche d'évoluer.<br /> Un peu de travail sur toi va te permettre d'avancer.<br /> Bon courage, cela vaut vraiment le coup, je t'assure.
R
... Pas grand chose à ajouter si ce n'est que les commentaires de Kitty et d'ange sont plein de justesse et apporte à ce post un souffle nouveau ... Merci à elle ...
K
Standby > Merci de ton passage chez moi.<br /> <br /> Quant à l'agressivité sexuelle des mecs en manque bien "relous", ne t'y trompe pas, je suis aussi farouche que toi ! Jamais de ma vie je n'ai compris les codes de la drague et de la séduction. Ce jeu ne m'a jamais intéressé, trop éprise d'authenticité que j'étais. Donc, je comprends bien tes préoccupations :)<br /> <br /> Quand tu aimeras, il en sera tout autrement, garde confiance. Le désir féminin, en effet souvent plus cérébral que le masculin (bien que… ça reste encore à voir), est extrêmement lié à l'envie de faire plaisir à quelqu'un que l'on adore. Si baiser pour baiser intéresse beaucoup de créatures humaines sur cette planète, tout le monde n'est pas fait de ce bois là ! <br /> <br /> Bon w-e à toi.
S
je repasse par ici par curiosité, merci de ton lien que j'ai lu avec attention et je partage ta vision des choses qd il s'agit d'endurer certaines choses pr qqn qu'on aime. je comptais justement aborder ce sujet ds mon prochain texte.<br /> <br /> Nouvelle petite précision : je ne cherche pas à me "préserver", c'est vraiment autre chose... un pb de désir, je suis vraiment décalée sur la puissance du désir sexuel masculin versus mon désir qui est bp plus cérébral et diffus.<br /> je me sens agressée par leurs avances sexuelles bp trop explicites et pressées, voici ce qui me bloque. je sais que c'est difficile à comprendre qd on se sent en égalité avec ce désir mais c'est ainsi... je ne contrôle pas mes sentiments... hélas !
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