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Standby
19 décembre 2009

Sous-sexuelle (2)

(Première partie du texte)

« La grande masse des femmes sont comme ça : la plupart veulent un homme, mais elles ne veulent pas le sexe, seulement elles s’en accommodent comme d’un mal nécessaire. » (Lady Chatterley, D.H Lawrence)

« (…) Les femmes, vous voyez, il faut s’en occuper, leur parler, avoir des attentions pour elle de temps à autre, les caresser souvent, se souvenir qu’elles existent, qu’elles sont vivantes, qu’on tient beaucoup à elle. C’est la seule thérapie. » (Habla con ella – Parle avec elle / P.Almodovar)

« Aimer corps et âme, toujours ensemble le corps obéissant à l’âme. » (Journal 1932, Anaïs Nin)

Mais quel homme voudrait d’un amour sans cuisses ni orifices ? Quel homme accepterait de ne pas répondre à l’appel impérieux et strident de la testostérone ? Quel homme pourrait comprendre que ce n’est pas ce que je recherche, que je n’ai aucune pulsion à satisfaire si ce n’est celle du cœur… Il me rirait au nez.
Froidement, méchamment.
Tristement, amèrement.
Il pensera que je me suis moquée de lui, que je l’ai trompé, que je le rejette dans sa virilité.
Incrédule, frustré.
Car « tout ce manège », « ce baratin », il ne les supporte sans doute que pour l’aboutissement, la concrétisation charnelle, soulager la rigidité qui le tourmente.
Mais pour moi « ce manège », ce « baratin » c’est tout le sucre, l’essence même d’une relation.
Le partage, l’échange du minuscule, le soleil d’hiver qui m’emplit et me ravit de sa lumière blanche et pure, un film, un livre qui lui ressemble…, et de la grande nouvelle. Ses sourires, ses mots, la chaude et douce complicité dans laquelle je me love comme un chaton roule sous les flancs de sa mère.
Pouvoir à tout instant tendre la main vers cette âme amie et aimante, en qui j’aurais toute confiance, savoir que mes émotions, mes pensées trouveront en lui une terre d’accueil bienveillante, compréhensive. Une terre où l’on parle la même langue que moi...

« Je veux te voir ». Je le veux aussi.
Les mots sont identiques mais les intentions qui se dissimulent entre leurs courbes divergent probablement.
Il se fait pressant mais son appel vient d’en bas.
Il ne me parle pas assez ou pas vraiment. Il fait juste la conversation et ses mots sonnent creux.  Je suis en manque de mots venus de l’intérieur façonnés uniquement pour moi, en manque d’attentions, d’attentions vers mon être.
Je n’arrive pas à toucher autre chose en lui que le désir primitif. Je reste à la surface de son cœur. Seul mon corps, le visuel, l’image, l’apparence l’aimantent. Ces chemins contraires bientôt nous sépareront...

« Mais qu’attends-tu de moi ? »
Il ne comprend pas.  Que c’est Lui que j’attends. Lui en tant qu’humain, qu’être-pensant, rêvant, riant. Qu’il me dévoile son âme, ce qu’elle abrite, ce qu’il cache dans ses réponses sibyllines, ce qu’il esquive maladroitement comme un enfant cherche à masquer une tendre bêtise (ce qui le rend charmant au demeurant).
Qu’il accepte de fusionner son âme à la mienne.
« L’amour », aurais-je pu répondre simplement. Et il pensera que je suis naïve et mièvre comme une chanson ou un téléfilm de TF1.

« Les temps changent, les rôles s’inversent mais la distance reste » se plaint-il.
La distance… Quelle distance ? Sans doute celle des corps.
Mais la plus grande distance entre nous c’est celle qu’il instaure entre nos cœurs. Et aucun rapprochement physique ne pourra jamais la rompre s’il s’y refuse.
Ses messages anémiques, froids et ternes, faits de date et d’horaires, d’indications pratiques, de questions basiques, de réponses « stricto-sensu » à mes questions me désolent, me glacent.
Je rêve d’un message « gratuit », sans raison particulière, juste le plaisir de m’écrire, de me faire signe, de partager un moment, une sensation, de me rappeler qu’il pense (lui aussi) à moi… Un message plein de couleurs et de malice, à son image.
Ne comprend-il pas l’importance de ces mots doux et brillants chuchotés à l’oreille, que c’est leur absence qui nous éloigne bien plus que ce rendez-vous que l’on n’arrive pas à fixer ? Ce dialogue qui doit sans cesse être maintenu, (r)avivé pour entretenir le feu de mon désir.

J’ai tellement faim de ses phrases, cette nourriture spirituelle pour tisser le lien, tresser les images qui le font vivre en moi à tout instant et me donneront envie de lui. Je souffre de cette trajectoire parallèle qu’il mène à la mienne. Besoin de points de tangente, de convergence… Pourquoi lui qui me presse (désormais) tellement de le revoir, n’éprouve-t-il pas ce besoin… élémentaire ?

« - J’ai rêvé de toi.
- Des rêves érotiques j’espère.
»
Silence.

La réponse, les explications sont impossibles. Je déteste ce rôle de « mère la pudeur » que je dois endosser, ce rôle de fille qui déçoit, ce sourire que j’étouffe, ce visage contrit et sombre que je compose pour refroidir son ardeur enfantine. Devoir le réprimer, le réfréner, le "priver de dessert", alors que j'aimerais tant entrer dans son jeu, le rendre heureux, répondre à son désir, lui offrir tous les jouets dont il rêve… Mais la parole est dangereuse si elle n’est pas suivie des gestes. Nous ne sommes plus à l’âge de faire semblant, des royaumes imaginaires. Même si je suis restée cette enfant qui joue à être une femme…

Je ne veux plus me heurter à ce mur de malentendus et d’incompréhensions.
Mais comment révéler mon secret sans condamner la relation ?
Non pas celui de ma virginité qui pourrait l’attendrir, le flatter, puisqu’il semble que les hommes aiment être « les premiers » mais celui qui fait obstacle.
Celui qui a envie d’autre chose. Ma différence.

(à suivre...)

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Commentaires
N
Bonsoir chère "standby",<br /> Je suis contente que tu ressentes un "petit regain d'énergie" et je suis impatiente de lire la suite de tes réflexions!<br /> Concernant ton léger penchant "masochiste", je le comprends parfaitement (je le partage hélas... mais bon, consciente de son effet auto-destructeur, je le "refoule" depuis un bon moment déjà). C'est triste à dire, mais il est partagé par beaucoup de femmes (et sûrement par beaucoup d'hommes). Il serait très intéressant de comprendre l'origine de ce penchant (j'ai quelques hypothèses à ce sujet, mais elles mériteraient d'être approfondies). Il y a sûrement tout un tas de bouquins de psychologie sur ce thème... Et peut-être le sujet d'un prochain article de ta part? <br /> Bonne semaine à toi et à bientôt :-)
S
bonsoir ma chère Nathalie,<br /> je ne peux rester insensible à tes petits commentaires fort pertinents, Kundera est l'un de mes auteurs de prédilection et effectivement le personnage de Tereza... oui beaucoup d'écho... :-)<br /> ta remarque sur lautre texte est plutôt juste sur les chassés croisés assez courant mais ce que je remarque chez moi, c'est qu'un peu de méchanceté/dureté (un peu seulement !) à mon endroit attise mon désir, enfin je crois ?<br /> j'aime aussi qu'on soit gentil avec moi... paradoxale ? oui pas mal !<br /> j'essaie d'écrire un petit qqc ces prochains jours, un petit regain d'énergie pointe...<br /> <br /> merci encore à tous ceux et celles qui laissent des petits commentaires, j'y suis sensible même si je ne réagis pas toujours. vous êtes de très belles personnes toutes et tous, faut que j'en prenne de la graine !
N
Tes écrits me font souvent penser à certains passages de livres de Milan Kundera (un de mes auteurs préférés) et en particulier au personnage de Tereza dans "L'insoutenable légèreté de l'être". Dans la deuxième partie de ce roman dédiée à la dualité corps-âme, certains passages m'ont paru faire écho à tes écrits. En voici quelques exemples:<br /> "Tereza est donc née d'une situation qui révèle brutalement l'inconciliable dualité du corps et de l'âme, cette expérience humaine fondamentale.» <br /> "Ce cri n'était pas une expression de sensualité. La sensualité, c'est la mobilisation maximale des sens: on observe l'autre intensément et on écoute ses moindres bruits. Le cri de Tereza voulait au contraire étourdir les sens pour les empêcher de voir et d'entendre. Ce qui hurlait en elle, c'était l'idéalisme naïf de son amour qui voulait abolir toutes les contradictions, abolir la dualité du corps et de l'âme, et peut-être même abolir le temps."<br /> "Dans ce café, personne n'avait encore jamais ouvert de livre sur une table. Pour Tereza, le livre était le signe de reconnaissance d'une fraternité secrète. Contre le monde de la grossièreté qui l'entourait, elle n'avait en effet qu'une seule arme: les livres qu'elle empruntait à la bibliothèque municipale [...]. Ils lui offraient une chance d'évasion imaginaire en l'arrachant à une vie qui ne lui apportait aucune satisfaction, mais ils avaient aussi un sens pour elle en tant qu'objets: elle aimait se promener dans la rue avec des livres sous le bras. Ils étaient pour elle ce qu'était la canne élégante pour le dandy du siècle dernier. Ils la distinguaient des autres."<br /> Et pour finir: "Maintenant, nous pouvons mieux comprendre le sens du vice secret de Tereza, de ses longs regards répétés devant le miroir. C'était un combat avec sa mère. C'était le désir de ne pas être un corps comme les autres corps, mais de voir sur la surface de son visage l'équipage de l'âme surgir du ventre du navire. Ce n'était pas facile parce que l'âme, triste, craintive, effarouchée, se cachait au fond des entrailles de Tereza et avait honte de se montrer."<br /> Inutile de préciser que je te recommande fortement la lecture de ce livre (et de tous les autres de Kundera d'ailleurs)!
N
Désolé tendre, mais je ne suis pas persuadé que le problème soit foncièrement lié à la froideur de la modernité. Autrefois les relations étaient plus souvent dictées par des questions patrimoniales et héréditaires que par l'amour. Peut-être cela permettait-il de se poser moins de cas de conscience et de problèmes existentiels, mais était-on plus heureux ?<br /> <br /> Hélas, je n'ai pas de conseils pour toi, Standby. Et pour cause : j'ai moi-même laissé tomber. Il faut tout de même que je lise la suite de ta saga ! ;)
S
hello à vous,<br /> alors pour faire un lien vs pouvez utiliser le 12e bouton (à partir du bouton gras "B") celui en forme d'anneaux ou de petite chaîne.<br /> <br /> sinon pas du tout envie de mordre :-)<br /> <br /> bonne soirée, je me dépêche d'écrire la suite de ce texte avant le rdv fatidique...
Standby
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