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24 mai 2009

Pendant ce temps, les corps font l’amour dans les chambres…(2)

(suite de mon précédent texte)

"Mon existence commençait à m’étonner sérieusement. N’étais-je pas une simple apparence ?" (La Nausée, JP Sartre)

J’espère épargner la vie de tous ces inspecteurs d’existence et de bonheur prêt-à-porter s'il advenait que mon vide ne soit renversé sur la place publique...
Je ne sais pas quelle serait alors ma réaction, probablement le déni total. Le retrait. La fuite.
Je ne pourrai plus soutenir leurs regards, affronter leurs discussions.
Il y a quelque chose de pire que la solitude, c’est de la montrer. Montrer que l’on se sent seule. Montrer le désespoir. Montrer le désespoir d'ête seule."Etre en manque", c'est une humiliation, une accusation, une insulte. Alors j'essaie d'avoir l'air comblée.

Même si parfois je rêve de tout déballer, le linge sale et les marées noires, de l’exhiber ce néant indécent, l’effondrement intérieur.  Éclabousser, salir toutes leurs « bonnes intentions » et leurs zygomatiques artificiels. J’aimerais bien voir tous ces visages soi-disant attentionnés, soi-disant amicaux ; toutes ces faces qui grimacent leur « comment ça va ? » chaque matin, toutes ces mines faussement réjouies, quand je leur aurai dit un peu ce qui se trame vraiment là-dessous.

Ce serait jouissif. Sur le moment. C’est toujours formidable d’appuyer sur la gâchette, l’instant de la détonation. Le seul problème c’est après. Une fois que la balle est partie. Il n’y a aucun moyen de la remettre dans la cartouche. Elle reste là, fichée dans les chairs, incrustée dans les mémoires, logée sous les langues.
Si seulement ils pouvaient arrêter de me demander ce que j’ai fait ce w.e, arrêter de me demander si j’ai passé de bonnes vacances, des nouvelles de toute ma pseudo-vie et de ses acteurs fantôme… Arrêter de me demander ce que « j’ai fait », de fliquer mon emploi du temps.
Entretenir toute cette vie qui n’existe pas pèse si lourd.

Je n’ai plus la force de fabriquer des réponses conformes à leurs attentes et leurs stéréotypes. Je n’ai plus la force d’essayer de leur ressembler, d’écouter et prononcer tous leurs mots, soufflé au fromage, apéro, baby-sitter, pendaison de crémaillère, prendre la voiture, Disneyland, gym nordique, descendre dans le sud. 
De toute façon, je n’ai jamais été crédible et je ne fais pas vraiment illusion dans mon rôle de femme épanouie. Mais ces remparts de paille maintiennent tout de même une petite distance, un minimum de sécurité face aux intrusions, aux tentatives d'effraction.

Etre seule ou pas. C’est la première chose que l’on cherche à savoir sur vous, quelque soit le contexte. C’est le premier critère pour vous classifier. Ensuite viennent votre carte de visite et votre impôt sur le revenu. Tout le reste ne compte pas. Tout ce que vous êtes profondément ne compte pas. Votre identité c'est votre statut. Marital et professionnel.

Une femme seule, une femme publiquement seule, c’est une proie, c’est une femme qui n’a plus d'excuses. On ne vous pardonnera pas de refuser les avances, les invitations, de partir plus tôt … Vous n’avez plus aucun prétexte ni alibi.
Aucune autre raison ne saurait être comprise ou acceptée et surtout pas celle du manque d'envie.
Personne ne vous attend, personne ne s’inquiète de vous. On se permettra la familiarité, la vulgarité, l’intimidation, la violence. Alors finalement cela reste tout de même plus facile d’entretenir le mensonge que d’assumer d’être une femme seule.

Et puis, je ne pourrai jamais avouer que je « cherche quelqu’un ». Ou plutôt que j’attends quelqu’un. Ce serait un aveu de faiblesse et d’échec. Le dénuement le plus extrême. Avancer sans aucune protection ni défense. Mes faux-semblants c’est tout ce qui me constitue au fond. C’est ce qui me permet de garder apparence humaine, un peu de contenance et de relief face aux autres.
Je suis toujours interloquée de voir ces femmes afficher sans complexe leur « disponibilité », de rechercher explicitement de la compagnie, de provoquer des occasions, d’aborder, d’inviter, d’accepter, de mettre le grappin sur. De montrer qu’elles sont ouvertes à, qu’elles sont prêtes à tout pour…

Ces femmes aux « comportement honteux »… qui séduisent les hommes à ma place.

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Commentaires
S
"Il n'est pas question d'avouer que tu cherches quelqu'un, mais dire simplement qu'en ce moment tu n'as personne, rien de plus."<br /> > Oui je sais bien mais je bloque pour les conséquences que cet aveu aurait, et je pense aussi que c'est une question d'éducation que j'ai reçue.
D
Lol !<br /> <br /> Trop marrante la proposition de Ells !! <br /> <br /> Bon ben on va tous prendre des tickets... et faire la "queue" (sans jeu de mots).<br /> <br /> Il n'est pas question d'avouer que tu cherches quelqu'un, mais dire simplement qu'en ce moment tu n'as personne, rien de plus.
S
lol<br /> gna=ells<br /> bien, bien c'est bon à savoir.<br /> j'ai trouvé à qui tu me faisais penser en tout cas, au Holden Caufield dans le roman de l'attrape-coeur de Salinger (à lire d'urgence si tu ne le connais pas encore).<br /> <br /> Si tu as des questions n'hésite pas à me les poser ici, je te répondrai volontiers.
R
Au moins il y a en qui ont le mérite d'être clair dans leurs propos ... lol ... Si j'ai juste tiré un coup pour nos yeux qui regardent,,, je serai sur le cul ... Cela aurait été beaucoup d'énergie dépensée sur la toile au lieu de lieu de la passer dans ce type " d'activité" autrement agréable ...
E
Ps . Tu sais ou m'écrire un mail . <br /> Tu peux franchir le pas . <br /> Et je sais et tu sais que tu peux te créer une adresse mail fictive . <br /> <br /> à la limite celle ci pourrais te servir pour fessebook et ces autres choses dont tu as parlé .
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