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25 janvier 2010

Il fait froid au paradis (1)

A Noël, j’aime plus que tout m’envelopper dans ces téléfilms d’après-midi pour desesperate housewives dont M6 et TF1 sont les généreux pourvoyeurs. Ces romances enneigées sur fond de miracle de fin d’année qui fleurissent sur le petit écran à l’approche des fêtes. Leur pouvoir hypnotique et réconfortant comme une tasse de thé fumante et parfumée, des carrés de chocolat pralinés qui fondent dans la bouche, un bain moussant bien chaud dans lequel on baigne avec béatitude.

Des plaisirs faciles et honteux qui me disent exactement ce que je veux entendre, qui me racontent un conte moderne pour petites filles devenues grandes, sur toutes les variations et transpositions possibles. Jolis cadeaux bien formatés et balisés des scénaristes hollywoodiens, emballés dans leurs papiers brillants et acidulés.
Ses codes et figures obligés, connus par cœur et guettés chaque fois avec la même impatience et délectation. La rencontre aussi impromptue qu’improbable, le coup de foudre, l’idylle naissante, vite perturbée par la rivale à éliminer, les préjugés à surmonter, le (lourd) secret à révéler, la rupture -momentanée- jusqu’à la réconciliation en forme de déclaration enflammée.

Ma préférence va à la scène où l’héroïne choisit sa robe pour le premier rendez-vous, ce qui donne lieu en général à une joyeuse et musicale séquence de shopping éhonté où un bataillon de bonnes fées coiffeuse-maquilleuse-manucureuse métamorphosent la malheureuse (affublée jusqu’alors de pulls informes et de cheveux hirsutes) en top modèle éblouissante. Je ne manquerai également pour rien au monde le moment où le (plus ou moins) jeune prétendant pose son regard émerveillé sur cette dernière alors qu’elle lui ouvre sa porte ou sort de son taxi, rayonnante (mais pas conquérante, elle conserve toujours ce charme humble et timide qui plait à la ménagère)...
A ce propos, je remarque ces derniers temps, une recrudescence de la romance « working class » (la pauvre –et jolie- jeune-femme en général d’origine latine en bas de l’échelle sociale, femme de chambre ou équivalent, tombe amoureuse et réciproquement du riche homme de pouvoir –de Manhattan- politique ou PDG quelconque…) et de mère solo, divorcée d’un type en général irresponsable et gougeât, véritable sainte (et sexy) qui bataille pour élever son gosse dignement (récupéré en téléréalité sous forme de « Maman cherche l’amour »).
Je m’identifiais davantage à la vague précédente des « jeunes, riches, belles… mais seules » (aussi prétentieux que cela puisse paraître) mais le phénomène ne doit plus faire recette ; on en revient à des figures plus traditionnelles, plus populaires, plus Cendrillon. Mais je ne suis pas difficile en la matière.
Girl next door, lycéenne de bal de prom', working-girl, veuve éplorée... : je consomme tous les archétypes avec appétit tant que l’on passe par des roucoulades et un final en forme de promesse d’amour éternel malgré les embûches et les obstacles toujours relevés avec brio.

Vivre sa vie par procuration devant son poste de télévision, après tout c’est un mode de vie comme un autre et peut-être pas le plus idiot ou le plus désagréable.
La télévision me soigne, c'est un baume qui compense les dommages d’une réalité qui ne coïncide pas avec l’idée que je m’en étais faite, la réalité qui n’exauce pas mes souhaits. Elle me berce dans ses bras doux, chargés de visages avenants et de vies colorées. La télévision, si méprisée et couverte de sarcasmes, sauve des vies parfois...

Oui, c’est la vulgaire histoire de grande consommation, celle qui prospère en supermarché en têtes de gondoles, avec son happy end bien clinquant et prévisible, ses clichés souriants en plastique.
Mais je ne demande (surtout) pas de subtilité, de réalisation artistique recherchée ni même de dialogues ciselés… Juste des images à l’eau de rose américaine, du dénouement heureux en intraveineuse. Perfusion rapide à effet immédiat même s’il s’évanouit avec le générique de fin…
Oui, c’est tellement bon de s’immerger dans ces petits paradis stéréotypés où tout finit toujours par se passer comme prévu...
J’en ai sans doute abusé à tel point qu’aujourd’hui je suis toujours terriblement déçue lorsque le basculement ne s’opère pas immédiatement. Passer de l’état de désespoir à la félicité absolue, de l’état de manque à celui de femme comblée. L’embrasement des sens et des sentiments instantané, sans ces doutes et questionnements qui m’entravent sans cesse.

Tous les ingrédients d’une belle romance cathodique étaient pourtant réunis ce fameux soir d’avant Noël. Et par une chance inespérée, j’en étais même l’héroïne ! J'avais réussi brillamment ma scène du choix de la robe et même celle, délicate, du domptage capillaire. Le casting, le décor, les dialogues étaient parfaits, seule l'actrice a accusé une légère défaillance...

(suite à venir…)

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Commentaires
S
hello Nil, merci de tes petits messages de part et d'autre et de tes réactions :-)
N
Eh bien, je ne dirais pas que tu m'as donné envie de regarder des "guimauves", ce serait mentir tant ce genre de film me semble généralement soporifique. Mais ton billet n'en est pas moins plaisant et permet de placer ces œuvres sous un éclairage nouveau.<br /> <br /> Et ce petit suspense à la fin... Coquine, va ! (Je galèje et imagine bien qu'il n'est pas aisé de raconter tout cela).
S
merci c'est bien gentil :-)<br /> oui je crois que ça a un effet très rassurant et réconfortant et ça fait du bien...
D
J'adore j'adore j'adore !!<br /> J'étais limite à m'inquiéter de plus lire d'article ! et oui ce genre de films est génial, c'est super rassurant genre "ah oui finalement ça peut arriver" oui moi aussi j'y crois encore ;)<br /> <br /> Des bisous !!
S
hé hé, je vois que je ne suis pas la seule adepte de ces petites guimauves :-)<br /> merci de ton sympathique message et de ce souvenir de jeunesse ! <br /> la suite est plus dure à écrire, j'avoue que je me pousse vraiment pr le faire...
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