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Standby
30 décembre 2007

Mon corps au bois dormant : Une si longue enfance… (2)

Odeur de sueur, de baskets et de déo Narta : la première épreuve avait lieu dans les vestiaires, antichambre de mes souffrances.

Là je prenais chaque fois un peu plus cruellement conscience, et sans possibilité d’esquive, de mes déficiences corporelles quasi extra-terrestres.
La vérité plantureuse me cernait et m’enlevait tout échappatoire pour minimiser ou tempérer mes lacunes morphologiques.

Au fil des semaines, les maillots de corps se muaient en brassières avant de revêtir fièrement leur premier soutien-gorge au gré des arrondissements respectifs, chacune s’observant à la dérobée et accueillant tacitement la nouvelle dans leur clan de jeunes filles en fleur.

Revêtir ma tenue de sport était un vrai exercice d’agilité en soi : retirer d’abord lentement les mocassins ou paraboots, lentement, le plus lentement possible… et puis avec la rapidité d’un sioux transmuter le pantalon en survêtement bouffant où mes cuisses de sauterelles se dissimulaient peureusement. L’opération la plus délicate était gardée pour la fin : « la pose du tee-shirt », savant tour de passe-passe entremêlant manches et hauteurs successives de tissus évitant toute exposition malencontreuse.

Alors que je me perdais dans mes manœuvres malhabiles ne sachant plus où passer tête et bras, les gorges généreuses, sphères souples et fraîches, s’épanouissaient autour de moi, pigeonnant dans des balconnets fleuris, vichy ou déjà pour les plus audacieuses des guipures de dentelle et de soie. Se touchaient mollement lors des têtes piquées vers les sacs ou lorsque les mains s'agitaient vers le haut pour ajuster une queue de cheval ou retenir quelques mèches avec des épingles.

Tandis que je me recroquevillais dans ce vestiaire boudoir, elles se changeaient insouciantes, comparant et se complimentant de leurs dessous respectifs, recommandant forme et bretelles assurant un meilleur maintien… Prenant des airs de conspiratrice quand elles chuchotaient aux oreilles des initiées pour quémander quelques Tampax dont l’usage me restait bien mystérieux.

Toutes discussions qui m’étaient bien sûr formellement interdites.
J’étais le vilain faune au milieu des nymphes.
Le cœur serré au milieu des cœurs croisés.
L’effrontée Gainsbourienne au milieu des Sophie Marceau-Vic Berreton. 

Relever la tête c’était irrémédiablement sentir les pointes accusatrices et moqueuses de ces bonnets bien garnis vers mon polo outrageusement plane.
Partagée entre l’envie de les observer minutieusement et cliniquement afin de percer le mystère de leur création et de les ignorer, il m’était de toute façon bien difficile de ne pas les apercevoir.
J’étais alors toujours mortifiée par la réalité de ces hémisphères ronds ou oblongues, si pleins et si concrets alors qu’ils semblaient vaguement spectraux sous la maille et le coton.
Jaillis comme par magie de part et d’autre d’un sillon ombré, sur des bustes parfois tellement menus. Gonflés comme des voiles en plein mistral, joyaux à la fois arrogants et tendres dans leur moelleux et laiteux écrin, surmontés de petites rosaces framboise, groseille ou lilas. Seins de bergère ou de courtisane, comme moulés à la cire ou sculptés par des mains d’orfèvre dans une apesanteur de « mollesse ferme ».

Ils contrastaient parfois curieusement avec les visages ingrats de leurs propriétaires dont on ne soupçonnait pas de telles œuvres botticelliennes sous leurs pull-overs informes, ou paraissaient pornographiques sous les visages encore enfantins.

Les seins semblaient avoir une vie autonome, une puissance occulte, souveraine qui m’échappait désespérément.

Quel était leur secret ? Comment avaient-elles façonné de telles prouesses ? Quel était le théorème, la leçon à apprendre, le dieu à prier ?

J’étais dépassée, laminée, terrassée par le débordement de leur féminité florissante et voluptueuse, moi la brindille sèche, le coton-tige qui devrait bientôt rembourrer du premier mes petits pois roses anémiques. 

Et c’est donc au milieu de ces amazones aux physiques de pom-pom girls et aux bustes ceints de cette fameuse dénivellation horizontale tendue à bloc, que je comparaissais pour mon exécution publique…

(voir précédent)

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Commentaires
S
Oui je comprends très bien Michaël.<br /> Je rajouterai aussi qu'il faut une bonne dose de motivation, car c'est une vraie discipline ! <br /> <br /> bon we à vous !<br /> <br /> Standby, no-life revendiquée et petite marmotte la nuit ;-)
M
Salut Ells,<br /> <br /> Le problème ce n'est pas de créer un blog, ni d'entrer mes coordonnées, ni même de trouver une idée de contenu. <br /> Comme le dis standby, le problème c'est entre autre d'accepter de se mettre à nu, de laisser tomber les faux-semblants et surtout de ne plus essayer de "maîtriser [...] les impressions que l'on aura de moi, les conséquences que pourront avoir tel ou tel de mes propos."<br /> Tant que je ne peux pas faire cela, je n'arriverai pas à créer un blog comme je l'entends. Je pourrai tout à fait interdire les commentaires mais je perdrai tout le sens de cet outil de communication...<br /> <br /> ><br /> Non pas nolife mais insomniaque notoire. Remarque, ça ne m'a pas empêché d'enterrer 2007 quelques heures plus tard ;-)
E
Bonjour et plouf à vous pour 2008 ou quelque chose d'autre .<br /> <br /> <br /> Michael, pourquoi tu ne commence pas à faire un blog<br /> sans forcément parler de toi, d'abord tu le créer juste comme ça, tu le sais que sa prend pas longtemps. c'est là .<br /> http://www.canalblog.com/cf/addUser.cfm<br /> <br /> Si tu as peur de mettre tes vrai coordonnées tu met des conneries, c'est ce que j'ai fait et c'est illégal mais en soit on s'en fou c'est comme traversé la route sans passé sur un passage pieton alors qu'il y en a un à moins de 75 métres ( ouais ça existe ).<br /> <br /> Aprés tu fais juste un post sur je sais pas .<br /> Bonjour 1 2 .<br /> sur pourquoi tu as créer ce blog .<br /> sur ce que tu voudrait mettre .<br /> <br /> Aufaite j'espére que ton jour de l'an était bien, car tu étais connecté à trois h du mat .<br /> tu es un peu nolife ?<br /> <br /> bon j'y vais mais répond moi .
M
Merci pour ta réponse. <br /> Maintenant j'y vois plus clair malgré la clôture prochaine de ce volet ;-)<br /> <br /> Les trois premiers articles de ton blog évoquent entre autres l'appréhension des premiers mots, la peur d'être jugée, ton manque de spontanéité...<br /> Eh bien contrairement à toi je suis incapable de surmonter cela, de lâcher les brides et créer un blog.<br /> Même anonymement.<br /> <br /> Dans une réponse à un commentaire tu prétends ne pas être courageuse parce que ton blog est anonyme, mais alors que dire de moi... :-)<br /> <br /> Pas de blog donc, au mieux je n'ai qu'une adresse mail à te proposer : krio.zilog@yahoo.fr
S
Merci Michael de ton message et très bonne année 2008 également ! (les traditions sont les traditions...)<br /> <br /> Il est possible que je sois paradoxale dans mes propos. j'ai remarqué que je m'étais déjà contredite sur d'autres points. c'est intéressant, car ça montre qu'il y a pas mal de zones d'ombre encore, même pour moi.<br /> <br /> En fait je ne sais pas si j'étais réellement "envieuse" des corps de femmes de mes camarades.<br /> Je trouvais ça quand même chouette mais plus pour "jouer à être une femme" encore une fois.<br /> <br /> J'étais surtout honteuse de mon infériorité car j'ai un grand orgueil. <br /> Et être inférieure ou du moins considérée comme tel que ce soit par cette adolescence tardive ou aujourd'hui ma virginité tardive me pose (posait) pb.<br /> Il y avait aussi cette volonté de ne pas être mise à l'écart comme tu dis ou de me sentir mal à l'aise.<br /> <br /> Je dois encore finir ce volet d'un autre texte à venir... Voilà tu sais tout ;-) <br /> <br /> PS : as tu un blog ?
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